Je n'écris pas pour plaire,
je n'écris pas pour divertir, et encore moins pour flatter le
lecteur ; j'écris pour changer le monde. Écrire pour me faire un
nom, écrire pour laisser une trace, écrire pour que l'on se
souvienne de moi je m'en fiche car, de toute façon une fois mort je
ne serai plus rien. Mais je vis, et puisque je respire je ne veux pas
vivre pour rien. Tant qu'il me restera un souffle je serai déterminé
à avancer dans l'écriture, à penser et repenser le monde, et à
contribuer à la société en travaillant pour la cause de
l'humanité.
Esteban LEMAIRE
Nouvelle de Noël.
Cher Père-Noël,
cette année je vous écris pour vous
dire que je ne veux plus de nouveau cadeau.
L'année dernière, celui que je vous
avais demandé n'est jamais arrivé. Pourtant j'ai été patient et
j'ai longuement attendu, j'ai scruté le ciel pendant des jours et
des semaines pensant que vous m'aviez oublié. Chaque jour j'espérais
un peu plus que le lendemain matin serait le bon ; qu'en me
levant, je découvrirais mon cadeau en ouvrant les volets de ma
petite fenêtre. Chaque jour, chaque lendemain matin je vérifiais.
Et aujourd'hui, j’attends toujours mon cadeau Père-Noël.
Depuis ma petite fenêtre, je vois un
paysage, un endroit vert et boisé, une forêt, une prairie, des
maisons où les cheminées crachent de la fumée, mais je ne vois pas
ce que je vous ai demandé.
Quand je sors, autour de moi la nature,
le vent qui ruisselle sur la peau de mon visage et les oiseaux qui
chantent : des mésanges. C'est l'hiver. Mais il ne fait pas
froid. Il ne neige pas.
Ma grand-mère a dit aujourd'hui que si
ses ancêtres revenaient sur Terre, ils ne reconnaîtraient plus
notre terre pour une saison d'hiver. Elle a dit aussi, qu'enfant,
lorsqu'elle sortait de la messe de minuit pendant la nuit de noël,
ma grand-mère s'émerveillait du ciel enneigé et se souvient
d'avoir tenu dans sa main un énorme flocon qu'elle avait attrapé.
Mais depuis que je suis né, il ne neige plus et ma grand-mère
commence à être vieille.
Cette année, je ne veux pas de nouveau
cadeau Père-Noël, je veux seulement le cadeau que j'ai attendu et
n'ai jamais reçu. Je veux de la neige. J'aimerais que la neige tombe
du ciel pour que ma grand-mère puisse tenir une dernière fois dans
sa main, avant de mourir, l'énorme flocon de neige qu'elle avait
attrapé autrefois.
Mais cette année, je crois que j'ai
compris Père-Noël, la neige ne tombera pas et une fois encore je
n'aurai pas mon cadeau car si vous ne m'apportez pas de neige, ce
n'est pas parce que vous m'oubliez mais parce que faire tomber la
neige est devenu impossible. Les hommes ont détruit la magie de
noël. Ils ont été plus fort que vous Père-Noël.
Esteban LEMAIRE
Le dormeur de la rue.
Ouvrir Oeil.
C'est un lieu refroidi où chantent les
pas des passants ; marchant, certains courant follement :
l'argent les rendaient fier et les yeux devant les vitrines, ils ne
pensaient qu'à dépenser. Au bord de cette petite rue qui mousse de
folie siège un homme. Assis sur les pavés froids, bouche ouverte et
la main tendue, il fixe les passants. Pâle dans son lit de pierre où
la lumière de la ville pleut, il attend. Grimaçant comme
grimacerait un souffrant, les pieds gelés : il a froid. Mais
personne pour le voir, personne pour l'entendre, ce pauvre est seul.
Seul au milieu de la foule qui ne le voit pas ; passant devant
lui comme s'il n'existait pas, l'évitant. Lui, tranquille, se meurt
dans ses souffrances, dans le bruit de la ville, en silence.
Esteban LEMAIRE
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